Depuis la réforme de la PCEM1, en 2010, la PACES puis le PASS/L.AS regroupe la première année des études de Médecine, Dentaire, Sage-Femme, Pharmacie et Kinésithérapie. Aujourd’hui, chaque étudiant entrant en PASS/L.AS à Toulouse peut ainsi en fonction de son classement, choisir une de ces 5 voies d’études.

Ceci étant, une grande majorité d’étudiants s’engagent en PASS/L.AS en ayant une seule en filière en tête. Le cas le plus classique est de vouloir faire médecine. Et quand on leur demande quel est leur plan B, ils n’en ont pas réellement. En règle générale, ils ne connaissent pas vraiment le cursus et les débouchés des autres filières car ils ne se sont pas renseignés au préalable. Et après quelques questions, on se rend compte également qu’ils ne connaissent pas suffisamment l’ensemble des perspectives associées à leur plan A…

 

Choisir sa filière MMOP-K : les débouchés des études de santé

Quand arrivent les résultats du premier semestre, la confusion et le stress peuvent devenir plus importants encore : « je ne suis pas assez bien classé pour avoir mon plan A, que dois-je faire ? Partir en LAS ? M’orienter vers une autre filière ? ». Ces choix en situation de stress ne sont jamais bons. Car ils renvoient à des décisions peu réfléchies et parfois prises sous le coup de l’émotion.

Cet article vise à informer les étudiants au mieux sur les différents débouchés offerts par cette première année d’études de Santé. Il est associé avec plusieurs articles qui décriront en détail le cursus de chaque filière :

Chacun de ces articles étant écrits par des professionnels ou étudiants (et donc futurs professionnels) dans chacune des différentes filières.

Cet article a pour but de donner aux étudiants des points de compréhension sur chacune des filières. Les aider à faire des choix, et arriver en début de PASS avec un plan de route relativement bien défini. Il est ici conseillé aux étudiants d’avoir un plan A sur une filière, puis un plan B et C. Certes, il ne faut pas non plus trop anticiper et vouloir faire absolument toutes les branches de l’arbre décisionnel. Mais la connaissance des différents débouchés est une base pour prendre les bonnes décisions et pouvoir adapter sereinement sa stratégie en fonction du déroulé de l’année.

L’année de terminale doit être consacrée pour partie à la réflexion sur l’orientation. C’est aussi pour cela que nous avons intégré l’orientation comme module à part entière de notre programme en Terminale Santé.

 

Sur quels critères choisir sa filière MMOP-K ?

Il est toujours délicat d’essayer de comprendre pourquoi nous sommes plus attirés par une filière que par une autre.

Pour certains étudiants, cela renvoie à une histoire familiale, avec des générations de praticiens qui se succèdent dans les différentes filières ou dans une filière en particulier. Pour d’autres, la vocation peut venir de certaines rencontres ou simplement en suivant des séries à la télé ou sur le net. Pour certaines filières, cela renvoie à des représentations sociales marquées. L’exemple le plus parlant est celui de la maïeutique. Jusqu’en 1982, c’est une discipline exclusivement réservée aux femmes. Cela peut expliquer que la profession séduit peu les hommes qui ne représentent aujourd’hui que 3% des praticiens en activité.

Mais ces critères sont-ils suffisants pour trouver une voie qui corresponde à nos attentes et nous épanouisse pleinement ? D’autant que ces différents métiers connaissent aujourd’hui des évolutions importantes, d’un point de vue social mais aussi d’un point de vue scientifique avec l’accroissement considérable des connaissances dans certains domaines, qui attirent la lumière sur eux. Il n’est ainsi pas évident de se projeter sur des disciplines qui de fait, vont beaucoup évoluer en quelques années, le temps des études.

Il convient de se rappeler que le choix de la filière n’est que le premier choix, parmi une longue liste à venir, que devra faire le futur professionnel de santé : après la première année, le pharmacien choisira son orientation entre l’officine, l’industrie et l’internat. Et beaucoup de questions se posent face à ce qu’on appelle l’embarras du choix. Même questionnement en médecine, où de nombreux étudiants se demandent quelles spécialités choisir, après le concours de l’internat (nouvellement réformé) parmi les nombreuses spécialités proposées (plus d’une trentaine de choix). Même question en dentaire ou kinésithérapie, même si le champ des possibles peut sembler plus resserré.

Ce qui est certain, c’est que chacune de ces filières proposent des cursus très diversifiés, que souvent les étudiants ignorent.

 

La durée des études des études de santé

C’est le premier critère qui vient à l’esprit des futurs étudiants. Certains ne veulent pas faire d’études trop longues, étant effrayés par le cursus en médecine.

Voici la durée moyenne des études dans chaque filière, en incluant la première année :

  • Dentaire : 6 ans. 2 ans de plus si on opte pour l’internat dans les disciplines de chirurgie orale et d’orthodontie.
  • Médecine : entre 9 et 14 ans en fonction du choix de sa spécialité.
  • Pharmacie : entre 6 et 10 ans d’étude en fonction du choix de filière.
  • Sage-femme : 5 ans.
  • Kinésithérapie : 5 ans.

Le critère de la durée n’est peut-être pas le critère le plus important. Pour les cursus les plus longs, en médecine, dentaire et pharmacie, le cursus de l’internat est un cursus professionnalisant. L’étudiant travaille à temps plein au sein de l’hôpital et il est rémunéré. Cela n’a rien avoir avec les années d’étude jusqu’au niveau master (bac+5). Les études de santé correspondent à un double cursus, universitaire et hospitalier (un peu sur le modèle de l’alternance). Les années sont chargées et passent relativement vite. En tout cas beaucoup plus vite que ce que les étudiants avaient imaginé en attaquant leur cursus.

Ayant réalisé un cursus complet d’ingénieur avant de reprendre mes études en première année d’étude de santé, j’ai pu ainsi constater que les années d’études en santé étaient particulièrement denses. On est constamment en train d’être évalué. A la fac, mais aussi sur notre activité clinique, auprès des patients, à l’hôpital. Cela a le mérite de nous occuper tellement que les années passent à vitesse grand V !

Un critère qui semble important également est le type de cursus avec la présence ou non d’autres examens et concours.

Ainsi, le cursus en dentaire est un cursus centré sur la pratique, avec moins de notions théoriques à assimiler qu’en Médecine. De plus, le concours de l’internat (ou Epreuves Classantes Nationales – ECN depuis 2004) doit être passé par tous les étudiants en médecine, et constitue donc une épreuve obligatoire pour tous les futurs médecins. C’est à prendre en compte dans le choix de sa filière.

L’apprentissage théorique est bien plus important en médecine que dans les autres filières.

 

Rémunération et autonomie en sortie d’études de santé

Même si la question de la rémunération ne doit pas être prioritaire quand on envisage d’intégrer des études de santé, elle a tout de même son importance dans le choix d’un cursus. Il peut être intéressant d’analyser les différents niveaux de revenus, ce qui a tout de même un impact sur la qualité de vie. Certaines voies ou spécialités sont actuellement plus en difficulté que d’autres, comme la voie des sage-femmes qui connait actuellement des mouvements sociaux relativement importants. C’est aussi peut-être pour cela que le PASS/L.AS a de plus en plus de mal à recruter et à pourvoir toutes les places en 2e année de maïeutique.

Il est également important pour un étudiant d’analyser l’autonomie et la liberté d’installation, qui peuvent varier en fonction des professions. Par exemple, un numerus régissant l’installation des cabinets de kinésithérapie est désormais appliqué dans certaines agglomérations, ce qui rend plus difficile l’installation de nouveaux praticiens dans ces zones.

L’analyse de ces deux facteurs permet aussi de se projeter en tant que futur professionnel de santé.

 

Professions médicales et professions de santé

La sociologie nous donne quelques éléments d’explication pour établir l’analyse des caractéristiques propres à chacune des filières MMOPK.

Ainsi, en France, la notion de profession médicale renvoie spécifiquement à 3 filières : Médecine, Dentaire et Sage-Femme. Ce qui est caractéristique de ces métiers est l’activité de diagnostic. Cette phase d’identification des signes, des symptômes et des maladies ou syndromes associés, constitue la clé de ces 3 disciplines. Elle met ainsi en avant la capacité du professionnel médical à analyser et mettre en cohérence de nombreuses informations qu’il va obtenir au cours de l’examen médical. Le diagnostic nécessite une capacité de synthèse et d’analyse basée sur la compréhension des phénomènes observés.

Par ailleurs, l’activité diagnostic est très spécifique dans le sens où elle ouvre des droits pour le patient (remboursement des soins, arrêt de travail) qui ne peuvent être obtenus qu’après consultation d’une profession médicale. C’est aussi cela qui confère à la médecine un poids social important. Cela donne aussi aux professions médicales des responsabilités accrues, qu’il faut accepter et assumer.

A l’inverse, les pharmaciens ou les kinésithérapeutes ne peuvent pas formuler de diagnostic médical. Les kinés peuvent poser un diagnostic kinésithérapique qui est différent du diagnostic médical : il vise à évaluer les chances ou les probabilités de réussite de la prise en charge proposée.  En l’occurrence, les pharmaciens et les kinésithérapeutes sont classés dans les professions de santé. Pour Kiné, on parle spécifiquement de professions paramédicales ou para-professions, les kinésithérapeutes consultant sur prescription médicale.

 

Clinique ou recherche

Un des aspects importants qui peut permettre aux étudiants de trouver un plan B est de savoir ce qu’ils peuvent retrouver en commun avec leur plan A.

Ainsi, un étudiant attiré par la clinique (littéralement médecine au chevet du patient) et le contact avec le malade pourra, s’il envisage médecine en plan A, s’orienter vers la chirurgie dentaire, la maïeutique ou la kinésithérapie.

Dans la même idée, certains étudiants souhaitant tourner leur activité vers la recherche en médecine, ne savent pas forcément que les cursus orientés vers la recherche sont très représentés en pharmacie. Ainsi, la voie de l’internat en pharmacie permet de s’orienter vers la biologie médicale et la recherche hospitalière et industrielle. Il est aussi à noter que chaque UFR de dentaire possède un laboratoire de recherche dans lequel il est possible de faire une thèse en science en parallèle de ses études médicales, pour ensuite évoluer dans la recherche.

En conclusion, les études de santé, en MMOP-K, présentent un très grand choix de filières et de spécialités. Il est essentiel pour un futur étudiant en PASS ou L.AS de connaitre les différentes voix et de ne pas se limiter à un choix construit sur des représentations parfois tronquées.

L’analyse des différents cursus vous permettra de mieux réfléchir à votre plan A et votre plan B. Votre motivation n’en sera que renforcée.

 

Nous vous conseillons de lire cet article sur Thomas Pesquet à la suite de celui-ci.

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